En raison d’une pénurie de vaccins, le Comité québécois d’immunisation (CIQ) a recommandé à la province canadienne de Québec de reporter la deuxième dose du vaccin contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) afin d’optimiser la couverture de la première dose. La raison de cette proposition était de protéger une majorité de la population à haut risque, qui comprend les personnes plus âgées et les travailleurs de première ligne, contre une infection grave au COVID-19 et des décès.
Le Québec a commencé sa campagne de vaccination en ciblant les résidents des établissements de soins de longue durée (ESLD) et les travailleurs de la santé (TS) qui étaient en contact direct avec les patients. Sur la base des rapports sur l’approvisionnement en vaccins et l’efficacité des vaccins à court terme (EV), au début de mars 2021, le Comité consultatif national canadien de l’immunisation et le ministère de la Santé du Québec ont fixé à 16 semaines la durée entre deux doses de vaccin.
Étude : Efficacité du vaccin à dose unique à ARNm contre le SRAS-CoV-2 chez les travailleurs de la santé pendant 16 semaines après la vaccination : une conception à test négatif du Québec, Canada. Crédit d’image : ezps/Shutterstock.com
Sommaire
Contexte
Au Canada, deux vaccins à base d’acide ribonucléique messager (ARNm), dont le vaccin BNT162b2 de Pfizer-BioNTech et l’ARNm1273 de Moderna, ont reçu une autorisation d’utilisation d’urgence en décembre 2020. Initialement, les individus devaient recevoir leur deuxième dose de Pfizer-BioNTech. et les vaccins Moderna 3 et 4 semaines après avoir reçu la première dose, respectivement.
Selon les résultats de l’essai randomisé contrôlé de phase III, l’efficacité des deux vaccins a dépassé 90 % 14 jours après l’administration d’une dose unique. Cependant, l’efficacité des vaccins au-delà de 3 à 4 semaines après la vaccination initiale n’a pas été étudiée.
Comme les travailleurs de la santé (TS) faisaient partie du groupe prioritaire à recevoir en premier le vaccin COVID-19, de nombreuses études d’observation ont été menées pour évaluer l’efficacité des vaccins à ARNm après une seule dose. La plupart de ces études ont une courte période de suivi, la plus longue étant de 8 semaines après la vaccination.
Efficacité des vaccins à une et deux doses de vaccins à ARNm
Une nouvelle étude publiée sur le serveur de préimpression medRxiv* ont comparé l’efficacité des vaccins à ARNm contre la souche originale du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS CoV-2) et les variantes préoccupantes du SRAS-CoV-2 (VOC) chez les TS au Québec après avoir reçu leurs première et deuxième doses. Cette étude a également déterminé l’efficacité d’une dose unique du vaccin à ARNm à 16 semaines après la vaccination.
Pour ce faire, les chercheurs ont adopté une conception à test négatif qui comparait la vaccination parmi les travailleurs de la santé testés positifs pour le SRAS-CoV-2 aux travailleurs de la santé testés négatifs. Ensemble, 5 316 cas et 53 160 témoins ont été inclus dans la présente étude.
Une VE de 70 % pour une dose unique du vaccin à ARNm contre toute infection par le SRAS-CoV-2 et de 73 % contre la maladie COVID-19 parmi le groupe d’étude a été signalée. Cependant, dans le cas des HWC qui ont reçu deux doses du vaccin, la VE a été calculée à 86% pour toute infection par le SRAS-CoV-2 et à 93% contre la maladie COVID-19. Les taux d’hospitalisation de l’EV contre le SRAS-CoV-2 pour les receveurs d’une et de deux doses étaient comparativement élevés à > 95 %.
Couverture vaccinale dans la cohorte des travailleurs de la santé et nombre total de cas de COVID-19 signalés dans la population par semaine, Québec, Canada.
Une seule dose de vaccin à ARNm COVID-19 peut-elle fournir une protection suffisante ?
Les chercheurs ont rapporté qu’une dose unique d’un vaccin à ARNm offrait une protection substantielle contre le SRAS-CoV-2 qui restait stable pendant au moins 16 semaines après la vaccination. C’est sans aucun doute la plus grande contribution de l’article, car les études précédentes n’ont pas démontré l’efficacité du vaccin au-delà de 8 semaines. Ces résultats ont conduit à la conclusion que l’intervalle entre la première et la deuxième dose du vaccin peut être prolongé jusqu’à quatre mois en cas de pénurie de vaccins.
Les résultats décrits ici correspondent à des études d’observation similaires qui ont été menées à l’aide de vaccins Pfizer-BioNTech aux États-Unis, en Israël et en Europe. Cependant, ces rapports sont basés sur de courtes périodes de suivi post-vaccination.
La présente étude a également signalé qu’une dose unique de vaccin à ARNm a effectivement réduit les hospitalisations en raison d’une infection grave au COVID-19 parmi les travailleurs de la santé de 97 % sur 16 semaines. Cette observation diffère des études précédentes qui prétendent que le taux d’hospitalisation COVID-19 le plus bas est obtenu après avoir reçu deux doses du vaccin COVID-19.
Au moment de la réalisation de la présente étude, la variante Alpha (B.1.1.7) était la souche circulante dominante du SRAS-CoV-2 au Québec. Ainsi, les auteurs rapportent que l’efficacité de la dose unique du vaccin contre la souche Alpha était de 60 % chez les TS. Ce résultat est cohérent avec des études antérieures menées dans une autre province canadienne de la Colombie-Britannique, qui ont montré un EV à dose unique de 67% contre l’infection COVID-19 Alpha chez les adultes de plus de 70 ans.
*Avis important
medRxiv publie des rapports scientifiques préliminaires qui ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, orienter la pratique clinique/le comportement lié à la santé, ou traités comme des informations établies.